L’étape du montage vidéo est parfois déconsidérée par les vidéastes débutants qui lui préfèrent largement la prise de vue ou le cadrage. C’est pourtant lors de cette étape, l’une des dernières du processus de création, que va s’exprimer pleinement l’âme du film.
Le montage est cette opération technique réalisée sur une table de montage (généralement aujourd’hui un ordinateur puissant doté d’un logiciel de montage), qui consiste à assembler des séquences les unes à la suite des autres et à les animer par le son et la musique.
Il est fréquent de dire qu’à partir d’un stock d’images, il est possible de réaliser des vidéos très différentes. Un exercice d’ailleurs souvent proposé aux étudiants des écoles de cinéma est de leur demander de monter un film en piochant chacun dans un même réservoir de rushes. Au final, il y a autant de films radicalement originaux qu’il y a d’étudiants.
Voilà pourquoi le montage est une des étapes à particulièrement bien soigner quand on réalise un film d’entreprise ou une vidéo publicitaire. Le but est de traduire avec efficacité l’esprit de la marque, ou la puissance d’un produit ou encore la performance d’un service dans la structure même du film.
L’irrésistible entrainement du rythme
Un des éléments qui saute en premier aux yeux, dès que l’on prête attention à la façon dont sont montées les images, est le rythme, c’est à dire la longueur des séquences enchainées les unes aux autres.
De façon un peu caricaturale, prenons une production vidéo sur les produits d’un équipementier sportif comme Nike. Dans le sport, c’est l’une des marques reines et toutes les images de sa communication mondiales sont pensées et pesées.
Ses valeurs premières sont la compétition, la performance athlétique, le dépassement de soi, la vitesse, la victoire. Par conséquent, ses publicités qui mettent en scène des icônes du sport mondial s’enchainent souvent très rapidement vers un bouquet final plus long. Comme le soulagement, bras en « V » levés au ciel, d’un athlète qui vient de gagner une course. Ou comme, parce que la publicité sait aussi jouer avec les instincts profonds, un orgasme au bout de l’acte sexuel.
A l’inverse, la publicité pour une eau minérale lentement filtrée par les roches enchainera de longs travellings sur les pentes d’un volcan, en suivant les murmures d’un petit ruisseau transparent entre cailloux blancs et luxuriante végétation verte. Les valeurs sont ici les avantages patiemment accumulés, les richesses subtiles offertes par la nature, le soin que prend la marque de la santé de ses consommateurs.
La puissance de la musique
La musique de la vidéo racontera la même histoire. Choisie avec précision avant que ne commence le montage, elle va en rythmer les étapes comme les gestes d’un chef d’orchestre guident les instrumentistes.
Quelques riffs connus d’un groupe de heavy metal révèleront la puissance virile d’une voiture de sport tandis que les accords suaves d’une cithare indienne caresseront les reflets dorés sur la peau d’une naïade sortant du bain dans une pub de produit de beauté.
La musique n’est pas juste un fond continu. Elle se monte elle aussi. Très présente sur certains plans, absente ou discrète sur d’autres, ciselée à la note près, au silence subtil, elle a pour but de renforcer les émotions générées par les images. Car, au final, même dans un film d’entreprise, même dans une vidéo corporate, il s’agit d’inspirer des émotions, des sentiments, sans qu’il soit nécessaire d’en connaitre les raisons logiques.
On jouera donc à faire naître la confiance, à poser le respect, à donner envie ou au moins à stimuler la curiosité, à créer l’enthousiasme et l’adhésion, à éprouver cette jubilatoire satisfaction de partager les mêmes valeurs ou les mêmes idées.
L’élaboration des plans
On le comprend aisément : le montage sera d’autant plus facilité que le réalisateur a parfaitement en tête le résultat final qu’il veut obtenir quand il filme chaque plan de la vidéo, même s’il s’agit d’un interview ou d’une démonstration de produit.
Le montage est donc déjà présent alors que s’activent encore tous les artisans de l’image et du son sur le plateau du studio. Il est là dans chacune des pages du script dont s’inspire sans cesse le vidéaste. Il est là dans chacune des images du storyboard, cette sorte de bande dessinée qui raconte à l’avance chaque scène, le positionnement de la caméra, l’emplacement des lumières, l’ambiance des couleurs, les vitesses de déplacement, les angles de prise de vue…
C’est bien parce que chacun a une bonne idée du montage final que le tournage se fait plan par plan. On ne fabriquerait pas de briques si l’on ne savait pas que c’était pour monter un mur.
L’importance du scénario
Et le montage était déjà en train de se dessiner lors des entretiens préalables, quand les concepteurs du projet et vous-même vous posiez les questions basiques : que voulons-nous dire ? A qui ? Pour transmettre quelle émotion ? Selon quelle valeur ?
Il était presque là quand on a commencé à découper le discours en chapitres, à se demander quel visuel traduirait au mieux tel concept, quelle image permettrait de comprendre le plus facilement le processus central de l’entreprise.
Il est là dans chacune des lignes du scénario nécessaire, même et surtout si votre vidéo ne durera que 30 secondes. Il se dessine en filigrane au travers de chacune de ses pages lues, relues et corrigées de ce document de base, ce socle de votre vidéo.
Encore une fois, ces conseils généralistes ne peuvent pas être dupliqués tels quels. Vous êtes unique et votre message aussi. Prenez le temps de bien réfléchir à vos valeurs et aux caractéristiques de votre entreprise.
« Vidéo Produit » peut vous aider dans ce travail d’analyse pour définir avec vous un montage qui ressemble à votre entité.